mardi 17 novembre 2015

Vendredi 13...


Vendredi soir.
Je vaque dans la maison ça et là pendant que mon mari et mon dernier sont devant un DVD en train de sauver le monde avec l'aide de quelques super héros.
Ma fille est dans sa chambre.
Mon fils est devant son ordi, branché sur réseaux et vidéos. Quand il lâche "Putain... putain... Oh putain..."
Le temps s'arrête. 
Il se branche en perfusion de Twitter et commente minute par minute l'ampleur de l'attaque. J'allume de mon côté la radio car c'est mon média à moi, ma source, mon réflexe. Mon mari zappe de Marvell à la TV.

Au milieu de l'horreur je me dis que c'est drôle ces différentes réactions et relations aux médias et à l'actualité. Question de génération et de perception. J'ai besoin d'échapper aux images, mais je veux l'info. Mon mari zappe d'une chaine à l'autre à une vitesse incroyable... je n'arriverais pas suivre. Et mon fils a une myriade de fenêtres ouvertes devant les yeux entre son ordi et son smartphone : il jongle et recoupe les infos en permanence... il a bien 10mn d'avance sur nous.

Nous sommes à l'abri chez nous et pourtant j'ai besoin de sentir mes enfants tout près, de les respirer. Je me sens louve et lionne. Le besoin d'entendre mon fils aîné, étudiant en province, devient criant, physique, irrationnel. Je sais qu'il est loin du carnage, en sécurité, et pourtant tous mes sens sont tendus. J'ai besoin d'entendre sa voix à défaut de l'avoir sous la main, au creux de mes mains. Messagerie, sms, facebook... Il me suffira d'un simple "Allo Maman?" pour reprendre mes esprits.

Au-delà de la barbarie, je sens que j'ai tremblé, glacée, tout le week-end, en communion avec tous ces parents qui cherchaient désespérément à retrouver la trace de leurs enfants. L'horreur.

Et maintenant... la vie reprend, dans le métro et le RER, les théâtres... Pour mes enfants une vie avec ses campus, ses soirées, au Bataclan comme il y a deux semaines ou ailleurs, les festivals, les avant-premières, le virées à la Défense, etc... 
Pas question de s'en priver, de les restreindre ... mais avec une boule au ventre quand même.

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