Chez moi, les carottes râpées se mangent avec du sucre : une originalité culinaire issue de la branche maternelle de ma famille. Invitée un jour chez des cousins, j'avais été frappée de constater qu'eux aussi avaient cette habitude. Je ressens encore le profond sentiment d'appartenance familiale qui m'avait alors envahie. Nous étions bel et bien "de la même famille" !
J'aime ces petites habitudes, ces petits riens qui sont propres à chaque famille et qui contribuent à son identité, à son ciment. Ici, les vacances commencent par un petit déjeuner au lit, là on se mesure à chaque rentrée des classes, la chasse aux oeufs de Pâques n'est pas là même partout ...
C'est en découvrant que c'est différent ailleurs qu'on en prend conscience. Comme nos valeurs, nos règles, cela fait partie de l'héritage que nous transmettons à nos enfants. Pour Philippe Jeammet*, psychanalyste, en se confrontant à l'extérieur l'enfant peut "montrer et valoriser ce qu'il a reçu de ses parents. Tel l'adolescent qui débarrasse volontiers la table chez les autres, ce qu'il ne fait jamais chez lui. L'ouverture au tiers et à la connaissance permet de s'approprier l'héritage familial".
Repérons et cultivons nos petites habitudes. Que nos enfants les gardent ensuite ou pas, elles font partie de leur enfance et de notre histoire familiale.
* Philippe Jeammet, Lettre aux parents d'aujourd'hui, Ed Bayard
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