mardi 22 février 2011

La p'tite souris


J'adore être la Petite Souris : me glisser sur la pointe des pieds, dans le noir, et chercher à tâton une petite dent consciencieusement cachée sous un oreiller...

Tout commence par une dent qui bouge puis finit par tomber et c'est une grande étape. Mieux que l'âge de raison ou l'entrée au CP : je le vois comme un rite initiatique, le petit entre dans la catégorie des grands.

Le rituel s'installe : l'enfant dépose sa 1ère dent sous son oreiller, comme on enfouit un trésor. Si la dent est perdue, elle peut être remplacée par un petit mot, un des premiers qu'il écrit tout seul, d'une écriture un peu bancale, à l'orthographe phonétique "jé pèrdu ma den". Et comme cette petite affaire dure en général depuis plusieurs jours, la Petite Souris a pu anticiper le coup et avoir sous la main la petite bricole qui va bien ou la petite pièce selon chaque tradition familiale. Au matin, les yeux brillent : "Maman, regarde ce que la Petite Souris m'a apporté !". Trop forte la Petite Souris !

Sept incisives plus tard... c'est la pause.
Les années de primaire passent. Puis autour de l'entrée au collège, on remet ça avec les pré-molaires et les canines.

L'enfant n'est plus dupe bien sûr, mais il ne boude pas ce nouveau plaisir de glisser sa dent sous l'oreiller en toute connaissance de cause. Il joue le jeu et, au matin, le passage de la Petite Souris dans la nuit déclenche clin d'oeil et complicité. 
Quand la dernière dent tombe, nouvelle étape : l'enfant est devenu adolescent.

J'ai compté : il reste 9 dents de lait à mon dernier... J'en profite car je crois que ce ne sera pas sans émotion que je ferai, d'ici quelques années, le dernier passage de la Petite Souris...